228                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
lani hoc opusfeci cum sociis in Viglevani. C'est, croyons-nous, la plus ancienne signature relevée sur une tapisserie. On remar­quera que c'est un Italien qui donne l'exemple et montre le premier la préoccupation de transmettre ainsi son nom à la postérité.
Nous arrivons aux ateliers qui ont jeté le plus vif éclat pendant le xvi0 siècle, aux seuls qui méritent d'être rapprochés des actives manufactures des Pays-Bas et de la France. Encore doivent-ils à des étrangers, à des artistes du Nord, la meilleure part de leur succès.
Ferrare. — Après une période de prospérité, l'atelier de Ferrare avait presque complètement cessé ses travaux vers 1505. 11 doit sa résurrection à Hercule II (1534-1559) et surtout aux habiles hautel'tceurs Nicolas et Jean Karcher. Le premier amena des Flandres, en 1536, six ouvriers qui.travaillèrent avec lui à Fer­rare durant quelques années. Vers 1546, il passait à Florence et y fondait la manufacture qui devait prolonger pendant plus d'un siècle sa glorieuse carrière. Parmi ses compagnons figurait sans doute le célèbre Jean Roost, qui a marqué de son rébus (un gigot rôti) les plus belles pièces italiennes de cette époque. Un autre Flamand, le bruxellois Gérard Slot, était installé à Ferrare dès 1529; il y resta jusqu'en 1562.
.lean Karcher fut, jusqu'à la fin de sa carrière, arrivée en 1562, le véritable directeur de l'atelier ferrarais; il déploya dans ces fonctions une activité singulière. On ne compte pas moins de vingt-cinq tapisseries tissées sur ses métiers pendant l'espace de cinq années seulement, de 1556 à 1561. Cest le moment de la plus grande prospérité de la manufacture de Ferrare.
Le fils de Jean, Louis Karcher, peintre en même temps que tapis­sier, prend la direction des ateliers après la mort de son père; mais la mort d'Hercule II (1559) leur avait déjà porté un coup dont ils ne devaient pas se relever. La décadence fut rapide et pro­fonde. On ignore la date de la fermeture de l'établissement; elle suivit de près le décès de Jean Karcher. Au xvii0 siècle, le garde-meuble des princes de Ferrare comptait encore plus de cinq cents pièces' exécutées dans l'atelier, local ou importées des Flandres.
Les maitres italiens les plus renommés avaient travaillé pour les Karcher et leurs compagnons. Jules Romain leur fournit des car-